Catéchisme

La théologie orthodoxe

Loin d'être une doctrine abstraite, la théologie orthodoxe affirme avec force que l'homme est appelé à vivre la révélation par l'intermédiaire de Jésus Christ. L'Évangile, source et base de toute connaissance de Dieu, permet de participer à l'existence divine. Le dogme défini par les conciles n'est pas dans une connaissance circonscrite, mais il ouvre la voie à la sanctification personnelle: «Le Credo ne vous appartient pas tant que vous ne l'avez pas vécu», disait à ses fidèles un évêque russe du XIXe siècle. Dieu a créé le monde et l'homme, mais celui-ci a refusé l'amour de son créateur. Déchu, il doit reconquérir librement, par l'intermédiaire du Christ, l'amour divin. Né du Saint-Esprit et de la Vierge, le Christ s'incarne pour reprendre sa création de l'intérieur. Par sa mort et sa résurrection, il anéantit les puissances infernales. En s'unissant à l'humanité, il opère une véritable re-création et rend l'homme porteur de Dieu et de son Esprit. Seul l'Esprit est donateur de vie et permet une authentique connaissance de Dieu. Par la foi, le repentir et la vie sacramentelle, l'homme peut ressentir cette présence de l'Esprit.

L'homme, ainsi restauré dans sa plénitude en Christ, devient personne irréductible, créée à l'image et à la ressemblance de Dieu. La nature divine lui permet une union toujours plus étroite avec Dieu. La personne vit en communion avec le Christ, ce qui exclut tout salut collectif, au profit d'un salut personnel.

L'Église offre les conditions nécessaires à cet épanouissement de l'homme en Christ, communion que les saints réalisent pleinement. Composée de pécheurs, l'Église empêche, par ses sacrements, la perdition de l'homme. L'Église n'est pas seulement la hiérarchie mais l'ensemble des baptisés. Corps mystique du Christ, elle se définit comme institution et comme lien de vie. Son unité repose sur sa connaissance juste du mystère de la Trinité et sur l'unicité de la confession de foi (Orthodoxe). L'Esprit Saint agit dans l'Église et lui communique la vérité, dont évêques, pasteurs et docteurs sont responsables collégialement. Successeurs des apôtres, ils président des Églises particulières et en même temps assument la responsabilité de l'Église universelle lors des conciles locaux et œcuméniques.

 

La théologie orthodoxe affirme avec force que l'homme est appelé à vivre la révélation par l'intermédiaire de Jésus Christ. Seul l'Esprit Saint est donateur de vie et permet une authentique connaissance de Dieu. Par la foi, le repentir et la vie sacramentelle, l'homme peut ressentir la présence de l'Esprit.

 

 

Les images dans l'église orthodoxe



La tradition liturgique met l'accent sur l'intercession des saints. Après la destruction des images représentant le Christ et les saints, ordonnée en 730 par l'empereur Léon III, qui a ouvert la «querelle des images» (VIIIe-IXe siècle) en interdisant radicalement le culte de ces objets dans l'Empire byzantin (querelle condamnée au concile de Nicée, en 787), les images ou icônes représentant le Christ, la Vierge Marie et les saints sont considérées comme des preuves visibles de l'incarnation humaine de Dieu en la personne de Jésus. La liturgie orthodoxe, connue sous le nom de «rite byzantin», a été traduite du grec en plusieurs langues, notamment en slavon, langue liturgique employée par l'Église orthodoxe russe. La liturgie est toujours chantée, et l'eucharistie distribuée sous les deux espèces (pain et vin).



La célébration cultuelle, centrée sur l'adoration de Marie en tant que Mère de Dieu, est essentielle dans la vie orthodoxe. L'église est le ciel sur la terre, elle anticipe la vie céleste. Image du monde, ses parties hautes – coupoles et voûtes – figurent le ciel, où resplendit la gloire du Christ sous forme réelle ou symbolique. Le sanctuaire, réservé à la célébration de la liturgie eucharistique (messe), représente le monde divin, et la nef le monde sensible: l'église est le lieu où s'opère l'union de tous les êtres avec Dieu.


Les fresques et les icônes décorent le temple en le remplissant de la «présence» de ceux qui sont figurés. L'icône est pour les orthodoxes un objet d'essence divine qui tient un grand rôle dans le culte. Partie inséparable de toute liturgie, elle reçoit des fidèles une vénération particulière. L'icône n'est pas un portrait: c'est le prototype de l'humanité céleste à venir. Représentation symbolique, elle manifeste les «sentiments affinés», en bannissant ce qui est charnel. L'artiste travaille surtout le regard du saint, l'expression de ses yeux toujours hiératique, lieu de la plus grande concentration spirituelle dans le visage humain. L'icône est éclairée de l'intérieur. La lumière rayonne du saint, lui-même illuminé par la divine lumière de Dieu, qui a transformé sa chair et permis à son âme de s'extérioriser.

 

L'office

Le cycle des offices religieux correspond à celui de l'Église catholique. La journée liturgique commence avec les vêpres et les complies, puis, au milieu de la nuit, est célébré l'office de minuit. Les matines ne sont pas séparées des laudes: elles forment un tout, suivi, surtout dans les monastères, de la divine liturgie (messe). Dans les paroisses, la liturgie est célébrée en général chaque dimanche (jour de la Résurrection) et les jours de grandes fêtes. Dans l'Église grecque, elle est précédée de matines, alors que la tradition russe chante les vêpres et les matines le samedi soir.

L'Église orthodoxe adopte en général une attitude ouverte à l'égard du mouvement œcuménique contemporain. Les Églises autocéphales ont rejoint, les unes après les autres, le Conseil œcuménique des Églises, fondé en 1948, sans avoir pour autant modifié leur propre conception de l'unité chrétienne. Les mesures prises récemment par l'Église romaine catholique ainsi que les décrets du concile Vatican II furent accueillis comme une base de travail prometteuse par l'Église orthodoxe. Cette réaction positive s'est concrétisée par de nombreuses rencontres entre le pape Paul VI et le patriarche de Constantinople Athënagoras, ainsi que par le voyage du pape Jean-Paul II en Turquie, en 1979.

 

Les différences essentielles entre l'Église orthodoxe et l'Église catholique portent sur trois points principaux de doctrine.

 

Le filioque



Pour les orthodoxes, la seule profession de foi relative à la Trinité est le Credo de Nicée (325). L'Église orthodoxe confesse que l'Esprit saint procède seulement du Père par le Fils, contrairement à l'Église catholique romaine, qui, au VIIIe siècle, sous le règne du pape Léon III, sans consulter l'Église byzantine, introduisit la foi en l'Esprit procédant à la fois du Père et du Fils: filioque (le Credo en latin dit, à propos du Saint-Esprit: qui ex patre filioque procedit, «qui procède du Père et du Fils»). Ce fut l'occasion pour l'Orient de prendre conscience des différences doctrinales existant entre les deux traditions: selon l'une, seuls les conciles œcuméniques sont habilités à définir la foi; selon l'autre, en vigueur à Rome, une foi complémentaire de celle des conciles peut être définie par le pape.


L'autorité du pape et l'église orthodoxe



L'Orient chrétien refuse l'autorité juridictionnelle suprême du pape, défini par le concile Vatican I comme «infaillible» et «docteur suprême de la Vérité» mais a toujours admis sa primauté d'honneur. La conception orthodoxe en matière d'infaillibilité de foi, de dogme et de morale repose sur le concile œcuménique et local. Seule une telle assemblée d'évêques – une instance collégiale donc – peut engager définitivement la foi de toute l'Église.

 

L'Immaculée Conception

Elle est considérée par les orthodoxes comme une innovation doctrinale qui n'est pas nécessaire à la foi. La Vierge bénéficie de la rédemption, assurée par la mort et par la résurrection du Christ.

La discipline des Églises orientales admet le divorce, ainsi que le mariage des prêtres. Un homme peut se marier avant de devenir prêtre, mais non pas après avoir reçu le sacerdoce. Les prêtres veufs ne peuvent contracter de secondes noces. Les évêques sont choisis parmi les moines et les prêtres non mariés ou veufs.

 

La vie de Saint-Nectaire

 

 

Saint-Nectaire, métropolite de la Pentapole d'Egypte, le thaumaturge d'Egine (s 'appelant selon le monde Anastase Kephalas) naquit le 1er octobre 1846 à Sélybria (en Thrace orientale), de pieux parents, cinquième d'une famille de six enfants. Il se distingua dès son jeune âge par sa piété. A l'automne de 1876, il reçut la consécration monastique sous le nom de Lazare au Monastère de Néa Moni de Chios. En 1877, le Métropolite Grégoire, évêque de l'île, l'ordonna diacre et lui donna le nom du vénérable Patriarche de Constantinople qu'il portera désormais jusqu'à sa mort : NECTAIRE.

Après de longues études théologiques, il est ordonné prêtre en 1886. Le 15 janvier 1889 le Patriarche Sophrone l'élève à l'épiscopat comme Métropolite titulaire de la Pentapole (ancien diocèse correspondant à la Lybie supérieure).

Malgré tout ces honneurs, Nectaire ne perdait rien de son humilité, sachant garder son « troupeau spirituel » dans les vertus évangéliques. Mais cet amour, cette reconnaissance et cette admiration que lui portait le peuple allaient pourtant se retourner contre lui. Poussés par le démon de la jalousie, certains clercs le calomnièrent, mais il mit sa confiance dans la promesse du Christ « Bienheureux serez-vous quand on vous outragera, qu'on vous persécutera et qu'on vous calomniera de toute manière à cause de moi. (Mat 5,11). » Sans aucune justification il fut chassé de son siège et se réfugia à Athènes où il se retrouva seul, ignoré, méprisé, manquant de ressources car il distribuait encore aux pauvres le peu qu'il avait.

Abandonnant son projet de se retirer à la Sainte Montagne de l'Athos, Nectaire préféra sacrifier son goût de la solitude à l'apostolat dans le monde au service de son prochain. Il obtint un poste de simple prédicateur dans le diocèse de Chalcis en Eubée.

Il fonda le monastère des moniales de la Sainte Trinité. La première higoumène en fut l'aveugle Xéni. Il dirige d'abord la nouvelle communauté depuis Athènes, mais après avoir démissionné pour raison de santé de sa charge de directeur de l'Ecole Risiaros, il prend en charge personnellement le monastère d'Egine. Nectaire y devint le serviteur de tous.

En dépit d'innombrables difficultés, Nectaire veillait à instaurer dans le monastère un type de vie cénobitique, selon la stricte tradition des Saints Pères. On le voyait souvent travailler au jardin ou à l'extérieur, vêtu de misérables vêtements. Lorsqu'il disparaissait de longues heures, c'est qu'il s'était enfermé dans sa chambre pour s'élever vers le Seigneur et pratiquer la prière de l'intelligence du cœur.

Cependant, la renommée de ses vertus et des charismes qu'il avait reçus de Dieu s'était répandue dans toute la région et beaucoup de fidèles venaient vers lui, gens de toutes conditions, pour obtenir conseils, réconfort et paternité spirituelle. Il obtint la guérison de moniales et de nombreux laïcs de maladies variées qui les affligeaient.

Le Monastère continuait de progresser : plusieurs jeunes filles cultivées y devinrent moniales. Mais le Saint fondateur, vieux, souvent malade, fatigué, approchait de la fin de sa vie terrestre. Depuis longtemps il souffrait de maladie, mais presque jusqu'à la fin, il avait caché ses douleurs. En 1920 son état empira. A l'automne, escorté d'une moniale et d'une novice, il se rendit à dos de mulet dans un autre monastère de l'île d'Egine, pour y vénérer une icône miraculeuse de la Mère de Dieu. Son état ne s'améliorant pas, les moniales furent contraintes de le transporter à l'hôpital où, après deux mois de souffrance endurées avec patience, il remit son âme au Seigneur le 8 novembre 1920.

Lors de la toilette funèbre, la vieille moniale qui l'avait assisté jeta négligemment le maillot de corps du défunt sur le lit voisin où reposait un homme d'une quarantaine d'années atteint d'une paraplégie. Cet homme paralysé des deux jambes se leva tout à coup, se tin debout et se mit à marcher, instantanément guéri. Ce fut le premier miracle après la mort du Saint, par lequel le Seigneur notre Dieu confirmait sa sainteté.

Le corps du hiérarque, d'où suintait un baume parfumé, fut transporté dans son monastère de la Sainte Trinité d'Egine, où il resta miraculeusement incorrompu pendant plus de vingt ans, en dégageant un suave parfum céleste. En 1953, après qu'il eut été finalement dissout selon les lois de la nature, on procéda à la translation de ses reliques, et là encore on put constater que le même parfum se dégageait puissamment de ses ossements.

Telle fut l'existence du doux et compatissant disciple du Christ, Saint Nectaire Khéphalas, Évêque de Pentapole, le thaumaturge d'Egine qui, toute sa vie, avait patiemment supporté calomnies, persécutions et injustices en prenant pour modèle son divin Maître. Mais le Seigneur l'a glorifié et, dès son départ de cette terre, les miracles ont abondé et continuent d'abonder jusqu'à nos jours pour ceux qui avec foi recourent à sa puissante intercession.

Il a été canonisé et son culte reconnu officiellement en 1981 par le Patriarche Œcuménique, et sa fête fixée au 9 novembre. Son tombeau, dans l'île d'Egine, est devenu l'un des lieux de pèlerinage les plus fréquentés du monde orthodoxe.

Le récit de ses miracles ne cesse d'être écrit à notre époque et des livres entiers y sont consacrés. (D. Panagopoulos rapporte plus de deux cents miracles attribués à son intercession). Pour sa part, le périodique Haghia Marina en a publié environ deux mille (avec les circonstances de temps, de lieux, noms et adresses), guérisons de cancers, d'autres tumeurs, d'affections cardiaques, d'affections mentales...

Bien d'autres miracles continuent de se produire et d'autres livres et articles seront nécessaires pour les relater.

Protodiacre Alexandre LOSKOFF